Critique Arcane saison 2 : c’était beau… mais c’est tout (2024)

Trois ans après son entrée sur Netflix, Arcane vient de tirer sa révérence à la suite d’une seconde et ultime saison pour le moins chargée en rebondissements. Les spectateurs ont dû faire des adieux difficiles aux personnages qu’ils ont tant appréciés ces dernières années. En effet, Fortiche et Riot n’y sont pas allés de main morte et n’ont pas hésité à jouer dans le tragique pour ce grand final. Et nous pouvons maintenant affirmer que cette série animée est une production pour le moins singulière dans le monde des adaptations de jeux vidéo.

Maintenant que cet exercice devient de plus en plus courant dans l’industrie cinématographique et télévisuelle, les projets du genre se multiplient, comme ont pu le faire les films et séries de super-héros ces dernières années. Et pourtant, personne n’est encore parvenu à reproduire le charme magique d’Arcane. Ce programme a réussi l’impossible: faire l’unanimité auprès des joueurs et du grand public sur la base d’un univers vidéoludique complexe.

Cet exploit a été rendu possible grâce à une maîtrise toute particulière des visuels, mais aussi de l’écriture des personnages et du world building. Au global, la collaboration entre Riot et le studio d’animation français Fortiche a su porter ses fruits. Mais il est dommage que la dernière ligne droite n’ait pas su profiter de la même attention au détail qui avait pourtant su faire le succès de la série jusqu’alors.

La plus belle série animée à ce jour

Avec cette saison 2, Fortiche a su nous montrer toute l’étendue de son talent. Les trois actes ont tous reçu des scènes véritablement marquantes, repoussant les limites de ce que les animations 2D et 3D ont à offrir. Arcane mérite amplement le titre de plus belle série animée, non seulement grâce à la qualité de ses visuels, mais aussi grâce aux émotions retranscrites par ces images. La bataille finale – pour ne citer qu’elle – était un voyage sensoriel à elle seule et restera dans les mémoires pendant longtemps.

Ces neuf derniers épisodes ont redéfini ce qu’une œuvre animée était capable d’accomplir rien qu’avec sa mise en scène et ses dessins, ce qui fera d’Arcane une œuvre pionnière pour les années à venir. À l’image de la saga Spiderverse de Sony et Marvel, c’est en laissant libre cours à l’imagination des animateurs via des outils toujours plus puissants que l’on obtient une production sincère et pleine d’originalité. Toutefois, des visuels bluffants ne suffisent pas à faire une bonne série, et force est de constater que les équipes de Fortiche ont été rattrapées par leurs ambitions face à un format trop court.

Le problème du rythme

Avec sa première salve d’épisodes, Arcane a lancé de nombreuses histoires différentes au sein de ce même scénario: le conflit entre Piltover et Zaun, les secrets de la famille Medarda, la magie Hextech, les tensions entre Jinx et Vi, le trafic de Shimmer, la relève de Zaun après la mort de Silco et bien plus encore. La série a basé son succès initial sur ce monde vivant aux multiples dynamiques, familiales comme politiques. C’est en plaçant des enjeux dignes d’une série telle que Game of Thrones dans un habillage animé si original que le bébé de Fortiche et Riot à su se démarquer et toucher un si large public. Malheureusement, il n’y avait pas assez de neuf épisodes pour conclure tous les subplots établis dans la saison précédente. La rédemption de Jinx ne prend que quelques épisodes et nous laisse peu de temps pour s’accrocher au personnage d’Isha, l’importance de Sevika est à peine développée, la tension entre Piltover et Zaun est balayée au profit du scénario de Viktor… La saison 2 donne l’impression d’un scénario raccourci à l’extrême pour répondre à un nouveau format restrictif.

Finalement, cette salve d’épisodes nous montre beaucoup de choses mais en laisse trop à notre libre interprétation. Même en creusant le lore de League of Legends ou les nombreuses théories sur les réseaux sociaux, il n’est pas évident de faire sens de ce qui nous a été présenté. Qu’est-ce que la rose noire et d’où viennent les pouvoirs de Mel? Qu’est-ce que l’Arcane et pourquoi en sommes-nous arrivés là? Puisque la série est officiellement terminée, la logique voudrait que ces questions soient résolues, mais il faudra visiblement attendre de futurs projets. En effet, l’une des nouvelles séries annoncées par Riot prendra place à Noxus, la nation d’origine de Mel, et devrait donc poursuivre ce morceau de l’histoire. Que l’on apprécie ce genre de fin ouverte ou non, il est clair que le potentiel de ce projet initialement prévu en cinq saisons n’a pas été entièrement respecté.

Une vitrine pour League of Legends

Les manquements au scénario donnent presque l’impression que cette saison 2 sert avant tout de lien avec League of Legends en tant que jeu. La vitesse à laquelle l’évolution de Viktor prend place permet d’introduire sa nouvelle apparence, qui donnera lieu à une mise à jour visuelle et de gameplay qui se faisait attendre sur le MOBA. Il en va de même pour l’introduction soudaine des pouvoirs de Mel, laissant présager l’arrivée du personnage au casting des Champions du jeu, tout comme Ambessa. La saison précédente a su nous présenter Piltover, Zaun et ces personnages indépendamment de l’évolution du jeu, tandis que ces nouveaux épisodes n’ont fait que répondre au cahier des charges de League of Legends. Cette conclusion a ramené Arcane à sa nature de projet transmédia, et c’est bien dommage.

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